ADD THE SLIDER CODE HERE

jeudi 16 février 2012

La force du partage - La pollinisation des savoirs




Ingénieure de l’Ecole des Mines de Paris, titulaire d’un MBA de l’INSEAD, Thanh Nghiem devient à 30 ans la première femme Associée du cabinet de conseil McKinsey en France.
En 2002, alors âgée de 36 ans, elle décide de tout quitter pour mettre ses compétences au service de l’intérêt général et fonde l’Institut Angenius, un incubateur de projets à but non lucratif. Ses passions et ses engagements l’amènent à accompagner des précurseurs dans le champ des modes de vie durables et de la libre diffusion des connaissances : web collaboratif, économie du partage, modèles open source. Dès l’origine de son projet, elle a l’intuition qu’une hybridation puissante, porteuse d’intelligence collective à grande échelle, peut s’opérer entre ces deux univers. Elle y consacre alors toute son énergie.
Elle enseigne aussi à HEC et dans plusieurs autres grandes écoles et donne de nombreuses conférences. Elle publie en 2010 “Des abeilles et des hommes, passerelles pour un monde libre et durable”, aux Éditions Bayard.



Article de  ScienceCom :

« Si  Benjamin et Thomas s’échangent un objet, ils repartent chacun avec un objet. S’ils s’échangent une idée, ils repartent chacun avec deux idées ». Le processus de pollinisation des idées est déclenché. Partout sur le territoire, des précurseurs ouvrent la voie. Pourront-ils devenir contagieux, pour servir la cause commune ? Comment ce processus peut-il s’inscrire, dans un modèle managérial ou communicationnel ?



L’histoire commence lorsqu’un biologiste et son amie, infirmière, réalisent que leur mode de vie n’est pas « durable ». S’ils continuent ainsi, une seule planète n’y suffira pas. Quelques temps plus tard, en 2002, BedZED (pour Beddington Zero Energy Development), un petit éco-quartier  de 82 logements pour 250 habitants est construit à leur initiative au sud de Londres.
« Ni l’un ni l’autre n’avaient de compétences en urbanisme, en ingénierie ou en business. Et pourtant, ces deux personnes se sont engagées dans l’aventure. C’est ce qui me fascine », lance Thanh Nghiem. Celle-ci prône la nécessaire pollinisation des idées, pour développer une intelligence collective au service d’une société libre et durable. Aujourd’hui, le pari de Thanh Nghiem, c’est d’affirmer que nous sommes tous, potentiellement, des créateurs. La clé, c’est l’action de petits groupes convaincus, qui contribuent à l’intérêt général.
Utopie, teintée de naïveté ou réalité concrète sur le terrain ?
Vous l’avez compris, elle milite pour un monde plus durable. En rester à l’état d’utopie sur le papier, très peu pour elle. Que faut-il pour que ces solutions émergentes, qui fleurissent partout dans le monde, se généralisent ? Une fois l’innovation créée à un endroit, comment favoriser la circulation des idées pour que des projets similaires puissent voir le jour sur d’autres territoires ?



« Intelligence collective »
Quand les abeilles nous montrent la voie… L’observation de sociétés animales complexes comme celles des fourmis ou des abeilles montre comment des collectifs s’organisent pour produire des richesses étonnantes. Ces sociétés sont capables de mobiliser instantanément des milliers d’individus.
Par la pollinisation, les abeilles engendrent 350 fois plus de richesses à l’extérieur de la ruche que la simple valeur du miel et de la cire. « Comment s’organiser pour que l’on arrive aussi, dans notre société humaine, à produire une telle richesse collective ? », s’interroge Thanh Nghiem.
Génération spontanée, d’une  foule raisonnable ?
La solution est peut-être du côté du Web 2.0 et des logiciels libres. La mise en réseau de personnes est effectivement un phénomène vieux comme l’humanité, mais aujourd’hui grâce à Internet, la collaboration se conjugue à large échelle. Ces outils ouvrent des voies encore jamais explorées. Ainsi, le phénomène Wikipédia ne cesse d’étonner. Puisque n’importe qui peut écrire ce qu’il veut, comment son contenu peut-il être fiable ? Le point de vue d’un profane pèse-t-il autant que celui d’un expert ? La contagion des idées par la base fait-elle converger les connaissances vers un optimum et une vraie intelligence ? Beaucoup de questions qui divisent.
Pour Thanh Nghiem, le positif l’emporte. Elle explique que « Wikipédia repose sur le principe d’abondance ». Ce que l’un crée, il le rend  disponible pour les autres, ce qui encourage la collaboration et permet l’enrichissement du collectif. Chacun retire du Net beaucoup plus que ce qu’il ne pourra jamais donner en tant qu’individu. La richesse offerte par ce type de plateforme, est bien  supérieure à la seule expertise d’un petit nombre. De nombreux médias communautaires l’ont bien compris, en permettant à tout internaute, de contribuer à enrichir l’information apportée.

Comment appliquer ce principe et le généraliser pour que la pollinisation libre des idées puisse favoriser l’émergence d’une société d’abondance durable ? Google, Twitter, Facebook, Wikipedia ? Autant d’outils de communication  puissants, qu’il faut investir pour l’essaimage des idées.
Quand le libre rencontre le durable… Véritables  « armes de distraction massive », Thanh Nghiem souhaite que ces outils servent aussi la cause du bien commun.
S’engager pour le bien commun, un pur fantasme ?
« Le facteur organisationnel de base dans la vie n’est ni l’argent, ni le travail, mais la passion et le désir de créer avec d’autres, quelque chose de socialement valorisant », Thanh Nghiem en est convaincue. Comme les « hackers » dans l’univers du logiciel libre, des pionniers, sur le terrain, délaissant la logique marchande, s’activent avec passion pour imaginer des solutions innovantes et partagées. Thanh Nghiem y croit, car pour elle « ce n’est pas le manque d’intelligence, mais le manque de motivation qui freine les gens. Il faut juste leur redonner l’envie de choisir leur vie ». Peu nombreux il est vrai, ces pionniers catalysent cependant un processus d’innovation ascendant, qui sera repris par des « passeurs ». Le rôle de ces « passeurs »  est alors de diffuser l’innovation sur d’autres territoires.
Lire l'intégralité de l'article sur ScienceCom.