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samedi 30 juin 2007

Charles, le prince vert

ICÔNE ÉCOLO

Avant, le prince Charles était considéré comme un vieux garçon un peu ringard. Avec ses costumes surréels, ses lubies sur l'agriculture biologique, « le prince qui parlait aux plantes », comme l'avait surnommé la presse britannique, était à peine sortable. Les rustres ! Ils n'avaient pas compris à quel point « HRH »(« His Royal Highness », Sa Royale Majesté ) était un visionnaire ! Car aujourd'hui l'Europe découvre qu'elle a, elle aussi, son Al Gore. L'héritier du trône est devenu l'icône de la planète écolo. A tel point que le Musée Madame-Tussauds vient de dévoiler une nouvelle statue écologiquement correcte du prince ( la cire a été recyclée de l'ancien modèle et les ajouts sont en cire d'abeille 100 % bio ). Couronné du prix du Global Environment Citizen de Harvard, Charles fraie désormais avec Al Gore, Meryl Streep et toutes les stars vertes du moment. Et il n'hésite pas à haranguer les entreprises. Récemment il a rencontré les PDG de Wal-Mart et de Tesco pour leur demander de réfléchir sur un étiquetage de leurs produits qui détaillerait la provenance, histoire de faire réfléchir les consommateurs aux gaspillages énergétiques occasionnés par ces haricots du Chili ou ces kiwis de Nouvelle-Zélande.
Cela fait un petit bout de temps que le « green prince » se passionne pour l'environnement. Businessman à ses heures, il a flairé le filon avant tout le monde. En 1990, il crée sa société Duchy Originals qui propose des cookies, des confitures, des cosmétiques et toute une gamme certifiée 100 % bio : tout vient de fermes ou directement de Highgrove, la résidence d'été de ce prince-farmer. Et ça marche : la société a engrangé 2, 3 millions de dollars de profits l'an dernier. « Sa Majesté est très impliquée dans le choix des produits. Surtout les cookies, qu'elle affectionne particulièrement . Elle a peint elle-même certaines des étiquettes », nous racontait ainsi Belinda, la patronne opérationnelle de Duchy Originals.


Le prince de Galles s'emploie aussi à donner le bon exemple. Il a commandité un audit « empreinte carbone » de tout le train de vie de la famille royale et s'est engagé à réduire de 25 % ses émissions. Les résidences princières ont été converties à l'énergie verte, sa Jaguar et sa Land Rover ne roulent plus qu'en biodiesel et resteront de toute façon, c'est promis, plus souvent au garage, le prince s'étant engagé à prendre le train autant que possible. Mais voilà, Charles, invité partout dans le monde pour ses obligations royales, a couvert 115 000 kilomètres et donc généré 32, 5 tonnes de CO 2 l'an dernier. Impitoyable, la presse britannique ne s'est donc pas privée d'épingler notre pauvre Charles, l'accusant d'être allé chercher son prix environnemental aux Etats-Unis en avion, alors qu'une vidéoconférence aurait fait l'affaire. Même polémique pour les vacances annuelles au ski à Klosters en Suisse. Exemplaire, Charles a finalement décidé d'annuler le voyage. Tout comme il a renoncé aux matchs de polo : pour des raisons d'agenda, il devait s'y rendre en hélico... Impossible ! En fait, le seul talon d'Achille de notre champion vert, c'est sa femme, Camilla. En mai, la duchesse de Cornouailles n'a pas eu le courage de renoncer au jet privé et au plaisir d'une croisière en Grèce. Le prince est resté tout seul en Angleterre, dans sa résidence bio de Highgrove. C'est dur d'être un héros.

Doan Bui
Le Nouvel Observateur

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