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jeudi 16 février 2012

La force du partage - La pollinisation des savoirs




Ingénieure de l’Ecole des Mines de Paris, titulaire d’un MBA de l’INSEAD, Thanh Nghiem devient à 30 ans la première femme Associée du cabinet de conseil McKinsey en France.
En 2002, alors âgée de 36 ans, elle décide de tout quitter pour mettre ses compétences au service de l’intérêt général et fonde l’Institut Angenius, un incubateur de projets à but non lucratif. Ses passions et ses engagements l’amènent à accompagner des précurseurs dans le champ des modes de vie durables et de la libre diffusion des connaissances : web collaboratif, économie du partage, modèles open source. Dès l’origine de son projet, elle a l’intuition qu’une hybridation puissante, porteuse d’intelligence collective à grande échelle, peut s’opérer entre ces deux univers. Elle y consacre alors toute son énergie.
Elle enseigne aussi à HEC et dans plusieurs autres grandes écoles et donne de nombreuses conférences. Elle publie en 2010 “Des abeilles et des hommes, passerelles pour un monde libre et durable”, aux Éditions Bayard.



Article de  ScienceCom :

« Si  Benjamin et Thomas s’échangent un objet, ils repartent chacun avec un objet. S’ils s’échangent une idée, ils repartent chacun avec deux idées ». Le processus de pollinisation des idées est déclenché. Partout sur le territoire, des précurseurs ouvrent la voie. Pourront-ils devenir contagieux, pour servir la cause commune ? Comment ce processus peut-il s’inscrire, dans un modèle managérial ou communicationnel ?



L’histoire commence lorsqu’un biologiste et son amie, infirmière, réalisent que leur mode de vie n’est pas « durable ». S’ils continuent ainsi, une seule planète n’y suffira pas. Quelques temps plus tard, en 2002, BedZED (pour Beddington Zero Energy Development), un petit éco-quartier  de 82 logements pour 250 habitants est construit à leur initiative au sud de Londres.
« Ni l’un ni l’autre n’avaient de compétences en urbanisme, en ingénierie ou en business. Et pourtant, ces deux personnes se sont engagées dans l’aventure. C’est ce qui me fascine », lance Thanh Nghiem. Celle-ci prône la nécessaire pollinisation des idées, pour développer une intelligence collective au service d’une société libre et durable. Aujourd’hui, le pari de Thanh Nghiem, c’est d’affirmer que nous sommes tous, potentiellement, des créateurs. La clé, c’est l’action de petits groupes convaincus, qui contribuent à l’intérêt général.
Utopie, teintée de naïveté ou réalité concrète sur le terrain ?
Vous l’avez compris, elle milite pour un monde plus durable. En rester à l’état d’utopie sur le papier, très peu pour elle. Que faut-il pour que ces solutions émergentes, qui fleurissent partout dans le monde, se généralisent ? Une fois l’innovation créée à un endroit, comment favoriser la circulation des idées pour que des projets similaires puissent voir le jour sur d’autres territoires ?



« Intelligence collective »
Quand les abeilles nous montrent la voie… L’observation de sociétés animales complexes comme celles des fourmis ou des abeilles montre comment des collectifs s’organisent pour produire des richesses étonnantes. Ces sociétés sont capables de mobiliser instantanément des milliers d’individus.
Par la pollinisation, les abeilles engendrent 350 fois plus de richesses à l’extérieur de la ruche que la simple valeur du miel et de la cire. « Comment s’organiser pour que l’on arrive aussi, dans notre société humaine, à produire une telle richesse collective ? », s’interroge Thanh Nghiem.
Génération spontanée, d’une  foule raisonnable ?
La solution est peut-être du côté du Web 2.0 et des logiciels libres. La mise en réseau de personnes est effectivement un phénomène vieux comme l’humanité, mais aujourd’hui grâce à Internet, la collaboration se conjugue à large échelle. Ces outils ouvrent des voies encore jamais explorées. Ainsi, le phénomène Wikipédia ne cesse d’étonner. Puisque n’importe qui peut écrire ce qu’il veut, comment son contenu peut-il être fiable ? Le point de vue d’un profane pèse-t-il autant que celui d’un expert ? La contagion des idées par la base fait-elle converger les connaissances vers un optimum et une vraie intelligence ? Beaucoup de questions qui divisent.
Pour Thanh Nghiem, le positif l’emporte. Elle explique que « Wikipédia repose sur le principe d’abondance ». Ce que l’un crée, il le rend  disponible pour les autres, ce qui encourage la collaboration et permet l’enrichissement du collectif. Chacun retire du Net beaucoup plus que ce qu’il ne pourra jamais donner en tant qu’individu. La richesse offerte par ce type de plateforme, est bien  supérieure à la seule expertise d’un petit nombre. De nombreux médias communautaires l’ont bien compris, en permettant à tout internaute, de contribuer à enrichir l’information apportée.

Comment appliquer ce principe et le généraliser pour que la pollinisation libre des idées puisse favoriser l’émergence d’une société d’abondance durable ? Google, Twitter, Facebook, Wikipedia ? Autant d’outils de communication  puissants, qu’il faut investir pour l’essaimage des idées.
Quand le libre rencontre le durable… Véritables  « armes de distraction massive », Thanh Nghiem souhaite que ces outils servent aussi la cause du bien commun.
S’engager pour le bien commun, un pur fantasme ?
« Le facteur organisationnel de base dans la vie n’est ni l’argent, ni le travail, mais la passion et le désir de créer avec d’autres, quelque chose de socialement valorisant », Thanh Nghiem en est convaincue. Comme les « hackers » dans l’univers du logiciel libre, des pionniers, sur le terrain, délaissant la logique marchande, s’activent avec passion pour imaginer des solutions innovantes et partagées. Thanh Nghiem y croit, car pour elle « ce n’est pas le manque d’intelligence, mais le manque de motivation qui freine les gens. Il faut juste leur redonner l’envie de choisir leur vie ». Peu nombreux il est vrai, ces pionniers catalysent cependant un processus d’innovation ascendant, qui sera repris par des « passeurs ». Le rôle de ces « passeurs »  est alors de diffuser l’innovation sur d’autres territoires.
Lire l'intégralité de l'article sur ScienceCom.

dimanche 12 décembre 2010

Vers la sobriété heureuse

interview exclusive de Pierre Rabhi pour la sortie de son livre


Article du : 30/04/2010
Réalisé par : 
Anne Ghesquière


A l’occasion de la sortie de son nouveau livre,Vers la sobriété heureuse, Pierre Rabhi a accepté de nous rencontrer pour nous parler de ce concept enthousiasmant, qu’il applique au quotidien depuis longtemps.

AG - Comment en êtes-vous venu à développer le concept de sobriété heureuse ?
C’est pour moi une conviction ancienne. Quand en 1961, j’ai choisi de partir vivre en Ardèche, c’était déjà une démarche de sobriété. Mais je ne m’en étais pas encore rendu compte. J’agissais naturellement, et la sobriété était en fait incluse dans ma démarche de retour à la terre. C’est pour moi une conviction extrêmement profonde que de vivre simplement pour jouir de la vie et de la nature. J’ai découvert ensuite la décroissance, et ça a été un déclic. La décroissance démontre que l’on court à notre perte puisque nous voulons l’illimité alors que nous vivons dans un système limité. La Terre n’est pas extensible. Il y a donc incompatibilité entre le système et les idées que l’on veut lui appliquer. Les gens ont mal compris la décroissance et pensaient qu’il s’agissait d’un retour en arrière. Pas du tout ! Mais pour présenter l’idée sous un angle plus optimiste, j’ai pensé à la notion de « sobriété heureuse ».

AG - En quoi consiste-t-elle ?
Regardez autour de vous : les gens ne sont pas heureux, car ils veulent avoir toujours plus. C’est le système actuel qui créé cet état permanent de manque. Je pars du principe qu’avec la surabondance, nous ne sommes pas heureux. Aujourd'hui, il y a une performance à réaliser : satisfaire à nos besoins par les moyens les plus simples et les plus sains.

AG - Comment est-ce possible dans une société où nous sommes assaillis par la publicité ?
Il faut être convaincu que dans la sobriété, on trouve la libération. La sobriété est une délivrance par rapport au toujours plus. Il faut que chacun comprenne par soi-même qu’on ne peut pas atteindre la satisfaction permanente puisqu’il est fait en sorte que l’on ne soit jamais satisfait. Aujourd'hui, le superflu est immense, et déséquilibre tout. La sobriété permet de le repérer et de s’en séparer. Je pense que la décroissance est en route, il faut l’accepter et la voir comme une chance.

AG - Quelle place consacrez-vous à la nature dans la quête du bonheur ?
La nature est fondamentale dans la quête du bonheur. Quand on parle de la nature, il faut toujours penser à soi, car l’homme est un mammifère et dépend de la nature. Donc, être attentif à soi, c’est déjà découvrir la nature.

AG - C’est donc par là qu’il faut commencer ?
Disons qu’il faut au moins prendre en compte le fait que l’on comprend la nature en comprenant son corps. Le corps humain est une merveille ! Pensez aux cinq sens, à tout ce qu’il est capable de faire sans que l’on ait besoin d’y penser ! Le corps est une intelligence et c’est déjà la nature. Je ne comprends pas que l’homme se soit développé en disant « d’un côté la nature, de l’autre, l’homme ». C’est une aberration, car tout est relié. Il y a un cycle de la vie. Cela se voit : si l’on pollue la terre, la pollution se retrouve aussi dans notre corps.

AG - Cette vision de la nature n’est pas très répandue…
On doit beaucoup aux écologistes, et j’estime leur travail. Mais je pense que l’écologie politique a trop matérialisé l’écologie, en ne prenant en compte que l’aspect pondérable. Il y a une dimension d’admiration qui a été oublié.

AG - Votre message rejoint celui des religions, non ?
Dans le sens où je pense que la création est merveilleuse, oui. Mais il y a une contradiction entre dire que la nature est une création divine et ne rien faire pour la protéger. Les religions devraient être les premiers écologistes, ce n’est pas du tout le cas. Le catéchisme devrait apprendre aux enfants à s’émerveiller de la nature et à respecter la vie, or on en a fait une chose totalement abstraite.

AG - Etes-vous croyant ?
J’ai été musulman et chrétien, mais aujourd'hui, je ne me sens pas relié à une religion particulière. La dimension spirituelle de ma réflexion s’est profondément élargie avec l’écologie car elle m’amène à admirer la nature et la vie, et donc, l’œuvre divine. Je me suis aperçu que la sobriété heureuse pour moi, relève résolument du domaine mystique et spirituel. Celui-ci par le dépouillement intérieur qu’il induit, devient un espace de liberté, affranchi des tourments dont nous accable la pesanteur de notre mode d’existence.

Retrouvez Vers la sobriété heureuse le livre de Pierre Rabhi et le mouvement Colibris co-producteur du film de Coline Serreau Solutions Locales pour un désordre global.

Article de FemininBio

lundi 24 septembre 2007

La voie de la simplicité pour soi et la planète


Mark Alan Burch,
Éditions Écososiété, 2003
Montréal, 237 p.

Les effets pervers du surtravail et de la surconsommation poussent un nombre croissant de personnes dans la voie de la simplicité volontaire. Dans son essai paru aux éditions écosociété (2003), Mark Alan Burch propose sa réponse à trois questions essentielles sur ce courant : Qu'est-ce que la simplicité volontaire ? Pourquoi opter pour ce mode de vie ? Et comment le mettre en pratique ?

En évoquant les racines philosophiques de la simplicité volontaire - de Lao Tseu à Fromm en passant par Tolstoï, Gandhi et bien d'autres - l'auteur nous fait prendre conscience à quel point ce courant, qui peut sembler révolutionnaire est ancien. De tout temps, des hommes et des femmes ont choisi de simplifier leur vie pour des raisons personnelles, sociales, environnementales ou spirituelles.

Ainsi, choisir la voie de la simplicité volontaire, c'est choisir de consacrer du temps pour se reconnecter avec ses besoins réels et profonds plutôt que de se laisser imposer des besoins multiples créés de toute pièce par la société de consommation. C'est aussi chercher à se recentrer en se donnant des buts plus cohérents avec nos valeurs en cessant notamment notre recherche éperdue de biens matériels qui nous oblige à consacrer l'essentiel de nos énergies à courir après l'argent. Certains choisiront de renoncer à des biens matériels et de vivre plus simplement pour s'impliquer et développer des relations de qualité au sein de leur famille et de leur communauté plutôt que d'accepter de sacrifier ces moments partagés par "manque de temps". Les raisons de s'engager dans la voie de la simplicité volontaire sont aussi environnementales. Dans ce contexte, l'auteur parle "d'alternative culturelle à la surconsommation" et nous propose de nous recentrer sur nos besoins réels et ainsi de réduire notre consommation. Il nous invite aussi à réviser nos choix de consommation pour des modes plus écologiques de transport, de production de nourriture, de logement et de loisirs.

Mais attention, la simplicité volontaire va bien au-delà du "consommer moins, dépenser moins, travailler moins". Mark Alan Burch insiste sur le fait que la simplicité volontaire n'est pas un but mais un moyen ou plutôt comme l'indique le titre de son livre, une voie de retour vers l'essentiel. La simplification de notre vie nous permet d'explorer le mystère de notre nature profonde, de nous poser les vraies questions, de donner un sens à notre vie. Cette réflexion sur le lien entre spiritualité et simplicité volontaire est sans doute l'apport le plus intéressant de ce nouveau livre sur un thème par ailleurs de plus en plus populaire.

Bien beau tout ça me direz-vous mais concrètement, comment vivre mieux avec moins? En cultivant ce que l'auteur appelle "l'attention", nos réflexes d'autoprotection face à l'intrusion de la publicité dans notre vie. En restant conscient du rapport entre l'argent, le temps et l'énergie que nous consacrons à la consommation et la satisfaction qu'elle nous procure. Tout cela de manière à trouver notre juste mesure et à faire nos choix en conséquence. Pour les lecteurs plus pragmatiques, Mark Alan Burch offre de nombreux conseils pratiques allant des exercices pour développer "l'attention" à des exemples de mode de consommation ou d'organisation plus respectueuses de l'environnement et plus solidaires tels que l'agriculture soutenue par la communauté ou les fiducies foncières communautaires.


S. Guyon

mardi 18 septembre 2007

Manger moins de viande pour sauver la planète

Laurent Suply (lefigaro.fr).

Selon une étude parue dans The Lancet, réduire la consommation de viande pourrait aider à combattre le réchauffement climatique.

Faudra-t-il comme La Fontaine, dire « Adieu veau, vache, cochon » pour sauver la Terre ? Selon une étude publiée dans la prestigieuse revue britannique The Lancet, une réduction globale de la consommation de viande aiderait à limiter le réchauffement climatique.

La FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) estime en effet que le secteur de l’élevage à lui seul représente 18% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. En France, le bétail compte pour 7% du « PRG » (pouvoir de réchauffement global, qui prend en compte l'effet de 6 gaz à effet de serre), derrière les véhicules particuliers (11%), mais devant les poids lourds (5.3%) (voir le rapport très détaillé du Citepa sur les polluants atmosphériques en France en PDF). Ces émissions calculées pour le bétail prennent en compte à la fois le transport du bétail et les rejets de méthane des systèmes digestifs des animaux.

Les auteurs de l’article préconisent donc de réduire au moins de 10% la consommation globale de viande. A l’heure actuelle, celle-ci s'élève à 100 grammes par personne et par jour dans le monde. Au rythme où croit la population humaine, le maintien de cette moyenne serait une catastrophe pour l’environnement, estiment Tony McMichael, de l'Université de Canberra, et John Powles, de l'Université de Cambridge. Une réduction à 90 grammes permettrait à peine de stabiliser les émissions de la « filière bétail ».


215 gr par jour et par Français

Mais toutes les viandes ne sont pas égales devant la pollution. Les ruminants, dont le système digestif à 4 estomacs rejette énormément de méthane, détiennent la palme du réchauffement climatique. Autrement dit, une vache "pollue" naturellement beaucoup plus qu'un cochon. 

Les auteurs estiment qu’une moyenne de 50 grammes par jour et par personne de ces viandes rouges est un maximum.

Les occidentaux devront donc se serrer la ceinture. Hamburger ou steak-frite, ils sont en effet, et de loin, les principaux consommateurs de viande. Selon la FAO, un Américain consomme 257 grammes de viande par jour, un Français 215 grammes, tandis qu’un Congolais peine à en trouver plus de 11 grammes, alors même qu’il a plus de chance de subir de plein fouet les effets du réchauffement climatique.

vendredi 7 septembre 2007

Je mange, donc je pense

Madame Figaro

Bonne nouvelle : le cerveau est un fin gourmet ! Avec le Dr J.-M Bourre (1), on retrouve le goût du vrai et du diversifié, et on se refait une santé…. mentale.

Paru le 01.09.2007, par Emmanuelle Blanc

Le Dr Jean-Marie Bourre le concède volontiers : en publiant la première édition de sa "Diététique du cerveau" (2) (éditions Odile Jacob), il n’aurait pas parié sa blouse blanche sur le succès d’un tel ouvrage. Il faut croire, pourtant, que la neurobiologie appliquée à la gastronomie passionne les foules : il a été vendu à plus de cent mille exemplaires, «toiletté» l’année dernière dans sa mouture poche*, traduit en cinq langues et distribué dans une vingtaine de pays ! Rencontre avec un homme passé maître dans l’art d’accommoder la cervelle !

Approuvez-vous Shakespeare qui affirmait : « Les grosses bedaines accompagnent les maigres cerveaux » ?

S’il entendait par là que la corpulence d’un homme présume de ses facultés intellectuelles, je ne suis pas d’accord. Le cerveau ne connaît ni l’obésité ni la maigreur, et sa structure n’est influencée ni par l’ampleur de l’appétit ni par celle du tour de taille ! En revanche, cette machine extrêmement complexe ne peut « produire » de la pensée qu’à condition d’être nourrie au sein de la diversité et de la qualité.




Il disait aussi : « Si des mets succulents enrichissent le corps, ils ruinent l’intelligence. » Votre avis ?

Là encore, je m’inscris en faux. D’abord parce qu’une nourriture insipide, ou jugée comme telle, induit
automatiquement une simplification de l’alimentation, laquelle dérive vers des carences, donc vers un mauvais fonctionnement cérébral. Ensuite parce que, sobre ou sophistiquée, la cuisine n’est jamais un luxe mais une nécessité. Pour trois raisons au moins. Une : elle élargit la palette des goûts, en crée de nouveaux et démultiplie ainsi les sources de plaisir. Plaisir qui stimule l’activité du cerveau et participe à son épanouissement. Deux : elle permet à certains aliments d’être consommables. Personne n’aurait l’idée de croquer dans une pomme de terre crue ! Trois : elle renforce parfois
la biodisponibilité des nutriments. La preuve… par l’oeuf, dont les protéines ne sont intégralement dégradées par les sucs digestifs, puis assimilées, que s’il est cuit. Si on le gobe, seulement la moitié d’entre elles sont absorbées


Le cerveau est donc un gastronome ?*
Tout à fait. Encore faut-il l’«éduquer». Car, contrairement aux autres espèces animales, choisir sa nourriture n’est pas, chez l’homme, un acte inné. Et si son instinct le pousse vers le sucre – carburant des cellules – et sa physiologie vers le sel – élément qui maintient l’équilibre hydrique du corps –, les autres saveurs doivent s’apprendre dès le plus jeune âge, comme on apprend à lire ou à compter.
Parce que l’enfance est une période où les neurones s’organisent, les connexions s’ajustent, les circuits se mettent en place. Or, tout nouveau stimulus est l’occasion d’activer ces mécanismes.

Y compris les stimuli gustatifs ?
Bien sûr. Une étude menée dans des écoles françaises a montré que les enfants «entraînés» à apprécier la saveur amère – comme celle des endives – ont de meilleures performances scolaires. Ce n’est évidemment pas le goût lui-même qui les rend plus intelligents, mais son apprentissage. Car ce dernier éveille l’esprit, exerce la curiosité, rend plus perméable à la nouveauté et participe donc au développement des capacités intellectuelles.

N’est-il pas difficile, pourtant, de décider un enfant à manger ce qu’il n’aime pas ?
Il faut insister, surtout quand on sait que certaines aversions alimentaires installées dans l’enfance le
resteront toute la vie. Celle pour le poisson, par exemple, a de grandes chances d’être définitive si elle n’a pas été enrayée avant l’âge de douze ans. Or, il y a dans cet aliment des nutriments très importants pour la structure du cerveau. À commencer par les oméga 3, dont un déficit peut causer une altération fine, mais irréparable, de son fonctionnement.

Le cerveau a-t-il des affinités nutritionnelles particulières ?
En fait, pour croître, survivre et fonctionner, toutes les cellules du corps, y compris celles du cerveau, sont tributaires d’une quarantaine de substances – treize vitamines, quinze minéraux et oligoéléments, quatacides gras indispensables et huit acides aminés essentiels – mais pas nécessairement dans les mêmes proportions. Ainsi, les cellules neuronales sont particulièrement gourmandes en acides gras (oméga 3 et oméga 6), en fer, en zinc, en iode, en sélénium et en vitamines B1, B3 et B12. Les glucides lents, enfin, constituent le carburant du cerveau, sous forme de glucose.

Que se passe-t-il en cas de carence ?
Heureusement, le cerveau est l’organe le plus protégé de tous : si l’un ou l’autre des nutriments vient à manquer, c’est lui qui est prioritaire sur les autres tissus, même si ceux-ci doivent en souffrir. En outre, les conséquences d’un déficit sont variables. Un manque de fer chez l’adulte provoquera, par exemple, une fatigue réversible, tandis qu’une déficience en iode du foetus pendant la vie intra-utérine
pourra causer un crétinisme, terme médical qui décrit une altération irrémédiable du développement cérébral. De même, un bébé carencé en oméga 3 pendant les deux premières années de sa vie risque, plus tard, d’avoir un coefficient intellectuel de cinq points inférieur à celui qu’il aurait dû présenter.

On «creuse» donc sa cervelle avec ses dents ?
Disons qu’une alimentation bien choisie, si elle ne permet pas de «fabriquer» un supplément d’intelligence, consolide et maintient le capital dont on dispose. Rien n’est pire que les modes
alimentaires qui imposent des privations et glorifient les restrictions. Comme nos ancêtres, nous sommes programmés pour manger varié et sans ostracisme. Si vous supprimez les glucides lents (pâtes, pain…) dans l’espoir de maigrir, ou tous les produits animaliers (viande, poisson, oeufs, lait et laitages…), vous risquez, au mieux, de fonctionner en sous-régime, au pire de devenir un «estropié» de la cervelle !



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Pour bien carburer

LES GLUCIDES LENTS.
Le cerveau en extrait le glucose, carburant dont il a besoin en permanence, sans à-coups, de jour comme de nuit. Et ses besoins sont énormes : il ne pèse que 2% du poids du corps mais s’approprie 20% de l’énergie apportée par l’alimentation – soit les deux tiers de la consommation nécessaire au coeur pour pomper 8600 litres de sang par jour! Aussi, chaque repas doit comporter un aliment de
cette famille (pain, pâtes, féculents, légumes secs, riz…).

LES ACIDES GRAS POLYINSATURÉS.
Le cerveau est l’organe le plus riche en graisses, après le tissu adipeux, et plus encore en oméga 3 et oméga 6. Les carences en oméga 6 sont exceptionnelles car ce sont des nutriments très courants dans les produits animaux et même végétaux. Les déficits en oméga 3, qui se traduisent par un léger dysfonctionnement cérébral, sont plus fréquents dans la mesure où les sources sont rares. Pour les éviter, il suffit de manger du poisson trois fois par semaine (en insistant sur les plus gras : sardine, maquereau, thon, saumon, anguille…), des coquillages régulièrement et de réserver une des deux cuillerées d’huile végétale conseillées par jour à une huile de colza ou de noix.

LE FER.
C’est lui qui permet aux globules rouges de transporter les quantités « industrielles » d’oxygène (20 % du total respiré) dont le cerveau a besoin. Une carence en fer provoque d’abord une fatigue, mais chez les étudiants, elle peut altérer les performances scolaires. À noter qu’une femme sur quatre, en France, présente un réel déficit. La solution : manger régulièrement du boudin – c’est le nec plus ultra des aliments riches en fer—, de la viande rouge, des poissons — du thon notamment — et des coquillages.

LES VITAMINES B1, B3 ET B12.
La première — présente dans le blé, le porc, les lentilles, les rognons — permet au cerveau d’utiliser le glucose; la deuxième —  viande blanche… —, d’équilibrer l’humeur et d’apaiser l’anxiété. Quant à la vitamine B12 — abats, poissons, fruits de mer… —, elle participe à la fabrication de certains neuromédiateurs qui assurent l’équilibre entre les circuits neuronaux. Un déficit peut conduire à une dépression.

LE ZINC.
Il participe, entre autres, aux mécanismes de la perception du goût et à l’olfaction. Sans lui, les aliments, devenus insipides, sont peu à peu abandonnés et les carences suivent. Manger des fruits de mer — en particulier des huîtres —, un steak, des foies de volaille et terminer par un fromage du type beaufort ou comté permet de ne pas en arriver là.


Docteur, c'est vrai ?

Les carottes rendent aimable.
FAUX. « Je ne sais pas si elles donnent les fesses roses, plaisante le Dr Bourre, mais on n’a jamais pu prouver qu’elles avaient une influence quelconque sur l’humeur ! »

Le poisson stimule l’intelligence.
VRAI. On a longtemps mis les vertus neuro stimulantes du poisson sur le compte de sa richesse en phosphore. Justice a été faite depuis la découverte des oméga 3: ce sont eux qui aident le cerveau à «phosphorer». Sans oublier l’iode des produits de la mer, dont une carence pendant la grossesse altère la construction et donc le fonctionnement du cerveau de l’enfant.

Les huîtres aiguisent la libido.
FAUX. Elles ont d’énormes vertus nutritionnelles, mais n’ont jamais démontré un quelconque effet
sur la sexualité.

Le chocolat chasse le bourdon.
PROBABLE. Déjà parce qu’il contient un certain nombre de substances, notamment du magnésium, qui présentent des propriétés pharmacologiques antidépressives. Mais plus encore parce qu’il procure du plaisir et que le plaisir agit sur le stress.

Le lait chaud aide à s’endormir.
VRAI, MAIS… «… on ne sait pas très bien pourquoi, note le Dr Bourre. Jusqu’à présent, on attribuait son effet hypnogène à la présence d’un acide aminé : le tryptophane. Aujourd’hui, on pense qu’il s’agirait d’une combinaison de plusieurs de ses substances, placées dans un ordre déterminé.
Une combinaison parfaite que le lait posséderait. »

samedi 28 juillet 2007

Un petit noir pour le moral


Qu'on l'aime serré, au lait ou long, le café fait partie de notre quotidien. Pour certains c'est l'indispensable booster du matin, pour les autres c'est un affreux excitant qui tache les dents. Eh bien, les producteurs de café viennent de lui trouver une vertus qui conviendra à tous les adeptes de la positive attitude. Le café serait bon pour le moral ! Selon des études américaines, des doses de caféines entre 60 et 300 mg (l'équivalent de 3/4 de tasse à 4 tasses) auraient un rôle bénéfique sur l'humeur des consommateurs. Plus de tonicité et de sociabilité !

(Source Blog Santé)

La vérité sur le café

Chaque Français n’en consomme que 5 kg par an, loin derrière les champions du monde scandinaves (plus de 13 kg par personne et par an), mais devant les Japonais qui ne jurent que par le thé. Comme Janus, le café est capable du meilleur comme du pire, et ce n’est pas forcément une question de dose.

Le café est déconseillé aux stressés

VRAI.
Deux à trois tasses de café par jour font l’effet d’un événement stressant : dans l’heure ou les deux heures, les hormones du stress (adrénaline, noradrénaline et cortisol) montent, la fatigue diminue et la pression artérielle s’élève (de 7 à 10 mm de mercure) et reste élevée plusieurs heures. Mais gare au se sevrage brutal, qui s’accompagne d’anxiété.

Le café rend vigilant

VRAI.
Et vérifié comme on pouvait s’y attendre par les scientifiques de l’armée américaine. Ils ont depuis 20 ans multiplié les études sur des soldats privés ou non de sommeil. Conclusion : dans les deux cas, la vigilance est meilleure après une dose de caféine, qu’il s’agisse de surveiller une station radar, retenir une information ou tirer sur une cible. Dernière étude en date : des soldats privés de sommeil pendant 72 heures réagissaient mieux et plus vite aux exercices de tir après avoir avalé 200 à 300 mg de caféine. La caféine agit en franchissant la barrière hémo-méningée et en activant des récepteurs à l’adénosine. L’armée US a fourni à ses troupes en Irak un chewing gum qui délivre une dose de 200 mg de caféine. Pour un effet optimal, les soldats de mission de nuit ont pour ordre de le mâcher à 3 h 00, 5 h 00 et 7 h 00 du matin.
Tharion WJ : Caffeine effects on marksmanship during high-stress military training with 72 hour sleep deprivation. Aviat Space Environ Med. 2003, 74(4):309-314

Le café augmente la fertilité chez la femme

FAUX
.
Au contraire, les femmes qui désirent un enfant (c’est également le cas pour les femmes qui allaitent) devraient réduire leur consommation de café, au même titre que l’alcool ou le tabac. Plusieurs études en apportent la démonstration, la plus récente étant britannique : selon ses auteurs, la fertilité diminue lorsqu’une femme boit plus de six tasses par jour. Ces femmes attendent beaucoup plus que les autres avant de tomber enceinte. Chez la future maman, la caféine à dose élevée pourrait augmenter les risques de fausse-couche, même si aucune explication biologique du phénomène n’est proposée. La plupart des chercheurs conseillent aux futures mamans de ne pas prendre plus de 250 mg de caféine par jour, soit l’équivalent de deux tasses et demi.
Hassan MA : Negative lifestyle is associated with a significant reduction in fecundity. Fertil Steril. 2004, 81(2):384-392

Le café diminue le risque de diabète

VRAI.

La plupart des études sur les facteurs de risque du diabète de type II convergent : le café protège. Ainsi, de 1982 à 1992 plus de 14 000 Finlandais hommes et femmes, ont été suivis. Résultat : les buveurs réguliers de café sont moins touchés par le diabète de type II que les autres. Deux inconnues subsistent. D’abord, la quantité de café qu’il faut boire pour prévenir cette maladie, les doses « efficaces » allant de trois tasses à plus de cinq par jour. Dans tous les cas, seuls sont concernés les gros buveurs de café, les vrais amateurs de petit noir. Autre inconnue, de taille, le mode d’action : la caféine réduirait l’intolérance au glucose par des mécanismes physiologiques qui demeurent mystérieux.
Tuomilehto J : Coffee consumption and risk of type 2 diabetes mellitus among middle-aged Finnish men and women. JAMA. 2004, 291(10):1213-129.

Le café fait des os plus solides

FAUX.
Le café pourrait être responsable d’une fuite de calcium et d’une diminution de la densité osseuse qui expose au risque d’ostéoporose. Pour une étude américaine, 96 femmes âgées de 71 ans ont été suivies. Dans le groupe des femmes qui consomment plus de 300 mg de caféine (soit environ trois tasses) la perte osseuse était plus importante trois ans plus tard que chez celles qui consomment plus de 300 mg de caféine. Seraient particulièrement menacées les femmes qui portent une mutation sur un gène qui code pour un récepteur à la vitamine D.
Hata M : Osteoporosis as a lifestyle-related disease. Nippon Rinsho. 2003, 61(2):305-313

Plus de café, c’est moins de calculs biliaires

VRAI.
Là aussi, un consensus existe chez les chercheurs. La consommation de 3 à 4 tasses quotidiennes de café caféiné peut réduire de 20 à 30% le risque de calculs vésiculaires. En revanche, aucun bénéfice à attendre du café décaféiné.
Leitzmann MF : Coffee intake is associated with lower risk of symptomatic gallstone disease in women. Gastroenterology 2002, 123(6):1823-1830.

Teneur en caféine d’une tasse de café :

Selon le mode de préparation
Café filtre : 60 -180 mg
Expresso : 40 -110 mg
Café soluble : 40 -110 mg
Selon le type de café ( pour 150 ml de café filtre)

Robusta : 100 - 250 mg
Arabica : 50 - 120 mg
Décaféiné : 1 - 6 mg
Source : Sante et café news


Le plein d’antioxydants


Qui dit « antioxydants », pense « fruits et légumes ». Ou thé. Mais rarement café. Et pourtant ! Une tasse de café renfermerait autant d’antioxydants que trois oranges. Une étude norvégienne a d’ailleurs étudié l’origine des apports en antioxydants chez 61 adultes. A la surprise générale, c’est le café qui arrive en tête. Environ 300 sortes d’antioxydants nageraient dans le fond de la tasse ou flotteraient dans les vapeurs de café. Ainsi, 150 ml de café en contiendraient 200 à 550 mg (contre 150 à 200 mg pour la même quantité de thé). Ces composés donnent au café son arôme et son goût. Les antioxydants neutralisent les radicaux libres et préviennent les maladies liées au vieillissement. De nombreuses études ont d’ailleurs trouvé que la consommation de café réduit le risque de cancer du côlon. Peut-être un effet de ses antioxydants.
Svilaas A : Intakes of antioxidants in coffee, wine, and vegetables are correlated with plasma carotenoids in humans. J Nutr 2004, 134(3):562-7.

Interview : Christophe Montagnon


Christophe Montagnon dirige le programme « café » au CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement, Montpellier). Les grains de café, qu’ils contiennent ou non de la caféine, n’ont aucun secret pour lui.

Combien de sortes de caféiers existe-t-il ?
Il existe 80 taxons (ou espèces) de caféiers. La plupart sont cultivés de façon anecdotique dans quelques régions du globe. Deux espèces occupent quasiment tout le marché : le Coffea arabica qui donne l’arabica et le Coffea canefora commercialisé sous le nom de robusta. Ces deux variétés sont les plus cultivées car elles ont les meilleurs potentiels agronomiques.

Quelles différences entre les caféiers arabica et canefora ?
Elles sont d’abord biologiques. L’arabica est tétraploïde (4n = 44 chromosomes) et autogame (auto-fécondation) alors que le canefora est diploïde (2n = 22) et allogame (mode de reproduction sexuée, ndlr). Les conditions de culture sont également différentes. Le premier aime les températures basses et donc l’altitude alors que le second préfère les plaines avec la chaleur et l’humidité. Les graines de l’arabica sont plus grosses que celles du canefora. Enfin, la composition des deux cafés est différente. L’arabica contient moins de caféine, plus de sucre et de matières grasses que le robusta. L’arabica est plus acide et plus aromatique mais le robusta fait plus de mousse et a un meilleur rendement de production.

Les Français sont-ils Arabica ou Robusta?
C’est 50-50 au dernier pointage ! Mais ce chiffre a fortement évolué car il n’y a pas si longtemps les deux tiers du café bu étaient du robusta. Aujourd’hui, dans le monde, on boit 35% de robusta et 65% d’arabica. Les Français ont longtemps consommé du café produit dans leurs colonies et c’était plutôt du robusta. Désormais ils rentrent dans la norme.

Comment fabrique-t-on du décaféiné ?
Grâce à la pression, on réussit à retirer, après la récolte, la caféine du café. Mais la recherche étudie d’autres méthodes. L’une des voies explorées est la transformation génétique. On essaie de fabriquer un café OGM sans caféine. C’est une voie de recherche délicate car les OGM n’ont pas forcément beaucoup de succès… La seconde voie de recherche est plus naturelle. Des Brésiliens ont en effet découvert cette année un caféier mutant naturellement sans caféine. On n’a pas encore de données sur son goût mais cette découverte est très intéressante. C’est un Coffea arabica non cultivé. Il y aura plusieurs années de sélection avant qu’il puisse être produit en grande quantité.

Et le café biologique ?
95% du café est bio car il est cultivé sans produit chimique et sans engrais. Les petites productions n’ont en effet pas les moyens d’investir dans les intrants (pesticides, engrais, fongicides…). En fait, la filière bio se différencie surtout dans les phases de stockage. Elle s’engage à ne pas utiliser de produits chimiques dans toute la chaîne de production

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lundi 23 juillet 2007

Régime OKINAWA

A 70 ans, vous n'êtes qu'un enfant, à 80 vous êtes à peine un adolescent, et à 90, si les ancêtres vous invitent à les rejoindre au paradis, demandez leur d'attendre jusqu'à 100 ans, âge auquel vous reconsidèrerez la question”. Telle est l’inscription gravée sur le rocher d’une petite plage d’Okinawa…

L’étude des centenaires d’Okinawa


Okinawa est une petite île japonaise qui fait de plus en plus parler d’elle. Et pour cause : elle détient le record mondial de longévité, avec près de 3 fois plus de centenaires qu’en France (33 centenaires pour 100 000 habitants, contre 11 en France). surpoids, cancers, ostéoporose, attaques cérébrales, maladies cardiaques : toutes ces maladies qui déciment nos populations occidentales sont beaucoup moins fréquentes sur cette île de 1,27 millions d’habitants, située dans l’archipel des Ryukyu, entre le Japon et Taïwan.

Un fait qui n’a, bien sûr, pas manqué de titiller la curiosité des scientifiques, lesquels se sont intéressés de prés au « cas Okinawa ». Dans le cadre de la vaste « Etude des centenaires d’Okinawa » (Okinawa Centenarian Study) initiée en 1976 et financée par le Ministère de la Santé du Japon, des centaines d’habitants d’Okinawa furent examinés à l’âge de 70, 80, 90, 100 ans. Conclusion : cette bonne santé et cette longévité ne découle pas d’un patrimoine génétique spécifique, mais bien d’un style de vie sain - et notamment une alimentation saine.

Les 10 principes de l’alimentation d’Okinawa


« Le gros problème de notre alimentation se résume globalement à ceci : elle n’est pas adaptée à nos besoins, ne tient pas compte de notre peu d’activité physique, de nos habitudes de vie » expliquent Anne Dufour et Laurence Wittner dans leur ouvrage « Le régime okinawa » (Ed. Leducs). Les habitants d’Okinawa – les anciennes générations tout du moins – ont su préserver une alimentation adaptée à leur mode de vie et activité, tout en sachant puiser dans les richesses de la nature. En voici résumés les grands principes.



1. Ne jamais manger plus que sa faim, voire même un peu moins
Le « hara hachi bu », consistant à ne s’alimenter que jusqu’à 80%, est une véritable habitude culturelle à Okinawa.

2. Consommer des aliments peu caloriques, mais riches en vitamines et minéraux
Les habitants d’Okinawa consomment des aliments à densité calorique (quantité de calories dans 100g d’aliment) basse (75 à 150 cal/100g) ou très basse (moins de 75 cal/100g).Soit :

- pour les céréales et féculents : riz, pâtes, semoule, maïs doux, patate douce, pomme de terre (vapeur ou à l’eau)

- légumes : tous, avec une mention spéciale pour le concombre

- fruits : tous, à l’exception des fruits séchés (raisin, abricot, figue, datte…) et des fruits oléagineux (noix, noisette, pistache, pignon, cacahuète…)

- poissons et coquillages : les poissons maigres, coquillages et crustacées

- produits d’origine animale : volaille (sans la peau), œuf, cheval, steak haché à 5% de MG

- fromages et desserts : salade de fruits, compote maison, yaourt nature, fromage très frais


3. 7 portions de fruits et légumes par jour
Les fruits et légumes ont tout bon ! Pour peu de calorie, ils nous apportent beaucoup : vitamines, minéraux, antioxydant, fibres, eau, mais aussi effet de satiété.

4. 7 portions de céréales complètes et/ou de légumes secs par jour + 2 plats à base de soja
Riches en sucres lents, vitamines, fibres et protéines, les céréales complètes sont très intéressantes nutritionnellement, à l’inverse de leur version raffinée (pâtes blanches, riz blanc, pain blanc,…)

5. Beaucoup d’épices, d’herbes et d’algues
Outre leur saveur, les herbes apportent vitamines et minéraux. Les épices ont quant à elles des vertus antibactériennes et préviennent l’oxydation du mauvais cholestérol. Enfin, les algues regorgent de minéraux, de fibres, de vitamines et d’antioxydants et sont de véritables anticholestérols naturels.

6. Du poisson 3 fois par semaine
Le poisson est le principal aliment d’origine animal de l’alimentation d’Okinawa. Il est choisi de préférence maigre et consommé cru - le fameux sashimi - poché ou grillé.

7. Très peu d’autres produits d’origine animale (viande, produits laitiers)
Les habitants d’Okinawa mangent en moyenne 18 moins de viande et 3 fois moins de produits laitiers que les occidentaux. Aux protéines animales, ils privilégient les protéines végétales, doublement gagnantes : elles sont vierges de mauvaise graisse et renferment différentes substances spécifiques au règne végétal et bénéfiques à notre santé : tanins, polyphénols, phytostérols…

8. Très peu d’alcool

9. Très peu de sucre et de sel
La tradition du dessert n’existe pour ainsi dire pas à Okinawa, et les produits préparés industriellement - gâteaux, bonbons,… - sont encore rares sur l’île. Les insulaires consomment donc près de 3 fois moins de sucres que nous, occidentaux. L’usage des épices, des herbes et des algues permet d’assaisonner les plats, et donc de se passer de sel.

10. Boire beaucoup d’eau et de thé
L’eau est la seule boisson indispensable au corps ; en outre, elle permet de drainer les déchets de notre organisme et de l’hydrater de l’intérieur. En prime, elle nous coupe l’appétit…

A vous de mettre en pratique ces principes !

Source : aufeminin.com